ALAIN PROST
- le premier champion du monde français de Formule 1


Written by Olivia Libisch, slightly changed by www.prostfan.com - Thanks to Olivia!

L´enfance d´un champion

Alain Marie Pascal Prost est né le 24 février 1955 à Lorette, un petit village près de Saint-Chamond, dans la région de Lyon.
Son père, André Prost, est artisan. Il s´occupe d´une entreprise qui fait les parties métalliques des tables et des chaises. Sa mère s´appelait, avant son mariage, Marie-Rose Karatchian. Sa famille est venue d´Armenie vers 1920. Alain a un frère, Daniel, plus vieux que lui de trois ans (Aujourd´hui il n´est plus de ce monde, il est mort de cancer le 17 septembre 1986). À Saint-Chamond, les amis d'Alain ne pratiquent pas le sport automobile et ses parents ne s´intéressent pas à ce sport non plus. Alors au départ, Alain joue souvent au football et il veut devenir un jouer professionnel. Le football occupe Alain Prost de huit à dix-sept ans. C´est assez remarquable parce que normalement les pilotes commencent très tôt à se préparer pour la Formule 1.
Son enfance se passe sans problèmes, dans une région tranquille de la France profonde. À l´école Alain est un élève moyen, mais il passe toujours dans la classe supérieure.
Puis, le 10 mai 1970, Alain fait une expérience qui est, à vrai dire, le début ou l´impulsion de sa carrière comme un pilote de Formule 1. Cette année là, Alain Prost et sa famille sont en vacances sur la Côte d´Azur et ils sont venus voir le Grand Prix de Monaco pour s´amuser un peu. C´est la première fois qu´Alain s´approche d´une course automobile. Il s´intéresse beaucoup à ce qui se passe devant ses yeux. Exactement quatorze ans plus tard, en 1984, Alain gagnera le Grand Prix de Monaco lui-même.
Alain ne peut pas oublier ce spectacle, il réfléchit et prend sa décision: sans attendre, il veut commencer le sport automobile. En général, en France et dans le monde, les pilotes professionnels commencent tous par le karting. Alain fait quelques recherches autour de Saint-Chamond et découvre, à quelques kilomètres, le petit circuit de Rive-de-Gier. Au mois de septembre 1970 il s´inscrit.
Pour commencer il s´achète un vieux kart avec son propre argent mais le matériel est trop vieux et les débuts sont difficiles. Peu à peu, Alain apprend la mécanique et il vient de plus en plus souvent sur le circuit. Les autres pilotes s´aperçoivent qu´il fait des progrès rapides, et surtout qu´il participe aux courses pour gagner. On découvre aussi que le jeune pilote prend beaucoup de plaisir à conduire et la nouvelle passion d´Alain occupe la plus grande partie de son temps.
En 1972, Alain a dix-sept ans et abandonne le football. Il achète un autre kart bien meilleur et décide de commencer sérieusement la compétition. Il abandonne ses études et son projet de devenir professeur d´éducation physique. Pour la première fois, Alain se déplace dans la région parisienne pour participer à une course. C´est un championnat de France juniors (les sportifs sont âgés de moins de dix-huit ans). Le résultat est excellent, grâce à beaucoup de courage et à une très bonne organisation, il finit à la deuxième place.
Quelques mois plus tard, il s´inscrit dans une course plus importante. C´est le championnat d´Europe juniors de kart qui a lieu en Hollande. C´est une course très difficile, parce que les pilotes sont jeunes et un peu fous. Plusieurs karts ont des accidents. Alain ne prend pas de risques et essaye de conduire toujours à la même vitesse. Une chose surprend tout le monde:le jeune Français semble très bien connaître les limites de son kart. Il va vite mais en contrôlant la situation et en respectant toujours la sécurité. Il gardera cette qualité jusqu´à la Formule 1. Ce jour-là, Alain gagne la finale du championnat, à dix-sept ans, il est le nouveau champion d´Europe juniors.
Chaque année, pour finir la saison karting, il y a une course pour les meilleurs pilotes de karting du monde. C´est le championnat du monde seniors (les sportifs sont âgés de plus de dix-huit ans). En 1973, cette course a lieu sur le circuit de Nivelles, près de Bruxelles, en Belgique. Alain s´inscrit mais ne gagne pas la course, il est classé seulement quatorzième. Cependant il n´as pas perdu son temps. Il a montré "qu´il peut conduire un kart".

Apprendre à gagner

Pendant la saison 1974, Alain Prost met en place, pour la première fois, une vraie organisation. Au dernier championnat du monde, l´année passée, il a été remarqué par un fabricant de karts. Cet homme est d´accord pour lui prêter une voiture pour la saison. Alain est très content parce qu´à cette époque, il n´a pas beaucoup d´argent. Il doit voyager en Europe pour participer à plusieurs courses. Il découvre les circuits européens et l´ambiance de courses nationales. Alain a de bons résultats et commence à être connu dans le monde du kart.
Quand le championnat de France arrive il est le favori. Alain prépare très bien toutes les parties de son kart, le moteur, les roues, les pneus. Pendant la course, il est vraiment le meilleur et ne laisse aucune chance aux autres pilotes. Alain est le champion de France de karting 1974. En plus, il a gagné une bourse de la Fédération française de karting qui sera très importante pour son avenir. Malheureusement, Alain a un mauvais résultat au championnat du monde 1974, et il ne peut pas participer à la finale.
En 1975, à la fin de l'année, Alain participe à une autre compétition, le Trophée Alazard. Ce jour-là, tout a très bien commencé: Alain est en tête pendant tout la course mais dans la dernier tour, il sort de la piste, et c´est le pilote belge Goldstein qui gagne. Alain n´accepte pas ce résultat. Il est sûr qu´un ami de Goldstein l´a poussé hors de la piste, pour permettre au champion belge de gagner. Quand la course est fini, Alain, fou de colère, se jette sur Goldstein pour se battre avec lui. Mais les amis du pilote belge viennent se battre aussi , puis les mécaniciens d'Alain.
Alain perd sa licence pour six mois mais cette histoire montre une chose: Alain a toujours pensé que les pilotes doivent rester corrects. Comme tous les grands champions, il n´aime pas perdre mais il l´accepte, si la loi du sport est respectée.
Le championnat de France de karting 1975 est un autre mauvais souvenir. La course a lieu en Charente, sur le circuit de La Rochefoucauld, un circuit très technique. Alain, comme toujours, est très bien préparé pour ce rendez-vous important.
Il a déjà gagné l'année dernière et doit défendre son titre. Il y a deux favoris: Alain Prost et un autre pilote, Marc Boulineau. Très vite, ils se battent tous les deux pour la première place. À la fin Alain traverse le premier la ligne d´arrivée, cependant les organisateurs de la course décident que son dépassement n´était pas correct, et il est disqualifié. C´est Boulineau qui est le nouveau champion de France de karting. Alain a perdu son titre.
Course après course, Alain découvre la dure loi de la compétition. Il y a la course bien sûr, mais aussi beaucoup d´autres choses à comprendre si on veut gagner. Par exemple, que la course automobile et le sport de compétition en général ne sont pas toujours justes. L´avenir lui montrera que certains pilotes sont prêts à tout pour gagner.
Le meilleur résultat de Alain a été la victoire au championnat du monde juniors. Alain était déjà un bon pilote de kart, mais il n´a jamais été le meilleur, peut-être parce qu´il voulait faire autre chose très vite. En 1975, Alain rêve déjà pouvoir conduire une "vrai" voiture de course. Malgré tout il s´inscrit au championnat du monde de karting, mais ne finit pas la course.
Avec sa bourse de la Fédération de karting, Alain décide de suivre les cours d´une école de pilotage. Il choisit d´apprendre sur le circuit Paul Ricard près de Marseille. À la fin des cours, une course est organisée pour choisir les meilleurs élèves. Le meilleur pilote gagne un volant en compétition pour l'année suivante. À cette école, tous les pilotes ont la même idée: gagner la finale, pour ensuite arriver à la Formule 3 (les voitures de Formule 3 sont moins puissantes que celles de Formule 1). Après, il faut gagner des courses et être sélectionné pour conduire la reine des monoplaces: une Formule 1. Le jeune Alain ne veut pas perdre cette occasion.
Quand Alain monte dans une monoplace pour la première fois, il est très surpris, c´est si différent d´un kart. Le moteur est plus puissant, mais il faut aussi conduire avec une grande technique. Au début, Alain Prost ne connaît presque rien à ce type de voiture mais il fait vite d´énormes progrès. Pendent les cours, on apprend à freiner, à accélérer, à tourner, à choisir le bon régime du moteur etc. Alain fait remarquer pour la première fois un jour de pluie. Tous les pilotes ont des gros problèmes. Ils sortent de la piste ou font des tête-à-queue. Alain "est comme un poisson dans l´eau". On devine déjà son style équilibré qui fera merveille en Formule 1.
Le jour de la course arrive. Pendant les qualifications Alain est beaucoup plus rapide que les autres. Plusieurs de pilotes sont venus avec leur famille, Alain est venu tout seul. Avant la course, Alain explique aux journalistes qu´il n´a pas le droit de perdre, parce qu´il n´a pas d´autres projets. La course automobile est son seul but dans la vie.
Pendant la course, il est encore le plus fort. Il part après tous les autres pilotes, et réussit, sans effort, le meilleur chrono. Alain a gagné largement et il est le lauréat du Pilote Elf 1975. Une nouvelle vie commence pour lui: il a gagné un volant en Formule Renault pour la saison 1976.

En route vers la Formule 1

Dès le début de la saison 1976, Alain prend des décision importantes. Il veut s´occuper lui-même de l´organisation de son équipe. Il rend visite à Tico Martini, le constructeur de sa voiture (une Martini-Renault MK 17) et il rencontre l´homme qui doit s´occuper de son moteur pendent toute l'année. Alain engage aussi son propre mécanicien. Avant le début des courses, Alain visite de nombreux circuits. Surtout il apprend à bien connaître sa Formule Renault. Il fait de nombreux tours de circuit et travaille avec son mécanicien pour améliorer tous les aspects de sa voiture.
La première course de la saison a lieu sur le circuit Bugatti du Mans, le 4 avril. Le temps est mauvais et il pleut. Dès le début, Alain prend la tête et ne laisse aucune chance aux autres pilotes. Il tourne et freine avec une technique parfaite. Après une demi-heure de bagarre, Alain gagne sa première course de Formule Renault. Deux semaines plus tard, sur le circuit de Nogaro, il fait encore mieux: il gagne la finale, réalise le meilleur temps aux essais, et signe le record du tour.
Le reste de la saison se passe de la même manière. Au bout de la saison Alain Prost a gagné douze courses sur les treize. C´est un résultat incroyable, jamais vu avant, et un nouveau record. Il reste aujourd´hui un exemple pour les jeunes qui commencent la compétition en Formule Renault.
Après cette longue série de victoires, la saison 1977 se présente merveilleusement bien. Le sponsor le plus important d'Alain, Elf, est très satisfait des résultats du jeune pilote. Il accepte de financier sa saison en Formule Renault Europe. Alain Prost doit cette année piloter une voiture plus puissante, une Martini-Renault MK 20. En Formule Renault, il y a beaucoup de pilotes plus âgés que lui, qui font ce métier depuis de longues années.
Alain veut être champion une fois de plus, et les autres pilotes se méfient de lui. Tout le monde parle déjà de sa volonté de gagneur et de sa très bonne organisation. En 1977, Alain Prost est déjà l´homme à battre.
À la fin de l'année Alain gagne un nouveau titre: il est champion de Formule Renault 1977. Alain a gagné six courses sur les seize du championnat. Ce titre lui permet de progresser encore et d´arriver, à vingt-deux ans, à la Formule 3.
Au début de 1978, Alain commence à se préparer . Renault veut essayer un nouveau moteur dans cette compétition. L´entreprise engage le jeune pilote pour qu´il améliore le moteur. C´est un programme difficile techniquement, mais il accepte pour deux raisons: d´abord Alain a besoin de l´argent de ce contrat, et puis c´est une bonne occasion d´améliorer sa connaissance de la mécanique.
Alain Prost s´aperçoit vite que le nouveau moteur Renault n´est pas bon. Le moteur japonais de chez Toyota, qui équipe d´autres voitures, est supérieur. Mais il a une équipe sympathique et efficace. Au début de la saison, les résultats sont assez mauvais, mais les progrès arrivent quelques mois plus tard. Course après course, la Martini-Renault MK 21 B du jeune pilote français se classe de mieux en mieux. À Silverstone, en Angleterre, il obtient une belle troisième place. Et la bonne surprise finit par arriver. Alain et son équipe gagnent l´avant-dernière course (circuit de Jamara, à Madrid) devant les meilleurs pilotes du championnat d´Europe de Formule 3. Aujourd´hui, tout le monde pense que les réglages de Alain ont fait la différence. Pendant toute la saison, il a fait des progrès énormes, entraînant avec lui son équipe, la voiture et le moteur. Il obtient le titre de champion de France et termine à la neuvième place, au championnat d´Europe de Formule 3. Mais, une fois de plus, Alain ne perd pas son temps. Pendant l'année 1978, il voyage en Italie, en Allemagne, en Grand-Bretagne. Il prend des cours d´anglais en pensant aux contacts qu´il aura à l´avenir. Il apprend à connaître les plus grands circuits d´Europe. C´est là qu´il gagnera souvent, quand il sera pilote de Formule 1.
1979 n´apporte pas beaucoup de changements. Pour la Formule 1, il faut avoir beaucoup d´argent. Ce n´est pas le cas du jeune Alain. Alors, il doit s´inscrire pour une saison de plus en Formule 3. Ce sera la dernière. Alain sait que c´est intéressant de continuer à conduire pour Renault, qui est présent en Formule 1 mais il a vingt-trois ans maintenant et commence à penser que le temps passe.
Quand même il ne perd ni son courage, ni ses ambitions. Il organise sa vie entre les circuits et Saint-Chamond. Il apprend à revenir dans sa famille pour s´amuser, voir ses amis et faire du sport. La saison de Formule 3 est longue et dure. Il faut savoir quelquefois oublier la compétition automobile. Il faut savoir se reposer.
La saison 1979 passe comme dans un rêve. Alain est devenu le meilleur pilote du championnat européen. À la première course, il termine à la deuxième place. Puis il gagne trois courses de suite, en Autriche, en Belgique et en France (Magny-Cours). À Monaco, sur le circuit le plus célèbre du monde, dans la ville, il réalise le meilleur temps aux essais, gagne le record du tour de circuit et remporte la course. Il rejoint ainsi tous les grands pilotes qui ont déjà gagné dans la célèbre principauté. Souvent les pilotes qui gagnent cette course sont en Formule 1 l'année après. Et Alain comprend l´importance de cette victoire.
Pendant cette saison, en plus de ses qualités techniques, Alain a montré aussi qu´il a une très grande classe. Les responsables de la Formule 1 Renault le voient préparer ses courses et, le plus souvent, gagner. Alain remporte neuf courses sur les treize de la saison 1979. Il devient champion d´Europe et champion de France de Formule 3. Il commence à se sentir un peu seul. Il n´y a plus d´autres pilotes à son niveau.

Dans la cour des grands

À la fin de 1979, Alain Prost pense de plus en plus à la Formule 1. Grâce à ses très bons résultats, Elf, son sponsor, lui paie un voyage en Amérique du Nord. Il va assister aux deux derniers Grands Prix de Formule 1 de la saison. Ils ont lieu au Canada et aux Etats-Unis. Le but d´Alain est clair: il veut rencontrer des responsables de la Formule 1 et avoir un contrat pour la saison 1980.
Au bord de circuit de Montréal, pour le Grand-Prix de Canada, Alain rencontre plusieurs directeurs sportifs. Il aperçoit qu´il est déjà un peu connu. Cependant ces contacts ne donneront rien. Puis arrive le Grand Prix des Etats-Unis. Là, Alain rencontre un homme qui aura beaucoup d´importance: Teddy Mayer, le directeur de la célèbre écurie britannique McLaren. Après les résultats d'Alain en Formule 3 en Europe, Teddy Meyer est prêt à lui faire conduire une monoplace dans le Grand Prix des Etats-Unis. Il y a déjà deux voitures McLaren, conduites par Tambay et Watson. Alain pourrait conduire la troisième mais, au grand étonnement de Mayer, il refuse! Il ne veut pas commencer en Formule 1 avec une voiture qu´il ne connaît pas. Il propose à Teddy Mayer des essais privés entre les deux saisons. Surpris, le directeur de McLaren accepte. Les deux hommes prennent rendez-vous au circuit Paul Ricard.
Les premiers essais sur la McLaren ont lieu en novembre 1979. Un premier pilote fait déjà partie de l´écurie McLaren, l´Irlandais John Watson. Il faut trouver le second. Ce sera soit un jeune pilote américain, Kevin Kogan, soit un jeune héros de Formule 3 en Europe, Alain.
Les essais commencent et Alain passe le premier. Il connaît déjà bien le circuit, mais ses mains se posent sur un volant de Formule 1 pour la toute première fois. C´est une McLaren M29 de la saison passée. Alain découvre un moteur Ford très puissant, avec des freins très rapides. Le volant est difficile à tourner et, après quelques tours, Alain a mal aux bras. Mais, ce qui arrive sur le circuit marseillais est extraordinaire: à chaque tour, le Français augmente sa vitesse. Entre les tours, Alain s´arrête au stand (c´est l´endroit où se trouvent les mécaniciens pendant la course), il descend et donne des conseils aux mécaniciens pour la préparation de la voiture. Il agit avec assurance, comme un vrai professionnel. Finalement, à la grande surprise de Teddy Mayer, Alain fait même mieux que Watson.
Quelques jours plus tard, Alain signe à Londres, pour un an, son premier contrat professionnel dans l´écurie McLaren.
La McLaren M 29 n´est pas la meilleure voiture du championnat, mais Alain se fait remarquer dès le début de la saison. La première course en Argentine est très dure, beaucoup de pilotes abandonnent. À l´arrivée, il reste neuf voitures: Alain est sixième. Il sort de sa voiture avec le sourire, alors que les autres pilotes sont morts de fatigue. Pour un premier Grand Prix, c´est fantastique! Mais ce n´est pas un hasard. Le nouveau pilote McLaren travaille énormément pour préparer chaque course, et il est très bien accueilli par toute l´équipe de l´écurie britannique.
Deux semaines plus tard, sur le circuit d´Interlagos, au Brésil, Alain fait encore mieux et se classe cinquième. Malheureusement les choses passent moins bien en Afrique du Sud. Pendant les essais la McLaren M28 a un problème de direction et Alain a un accident sérieux. Il a le poignet cassé et ne peut pas participer aux deux prochains Grand Prix. Mais ce qui est plus grave c`est qu´Alain n´a plus la même confiance ni dans la voiture, ni dans l´écurie McLaren. Les relations avec Teddy Mayer sont devenues mauvaises.
Les résultats suivants sont mauvais aussi. La voiture a trop de défauts et Alain pense de plus en plus à changer d´écurie pour la saison suivante.
À la fin, Alain se classe quinzième au championnat. Pour une première saison, c´est bien mais aux essais du Grand Prix des Etats-Unis, c´est de nouveau un accident, à plus de 200 kilomètres à l´heure. Cette fois, c´est trop. Alain décide de quitter l´écurie McLaren. "Sans confiance dans la technique, on ne peut plus piloter", explique-t-il. Il sait qu´il intéresse beaucoup l´écurie française Renault. Depuis quelques temps, Gérard Larrousse, l´un des directeurs de Renault-Sport, se rapproche d'Alain. Il lui a déjà proposé plusieurs fois de piloter une Renault en 1981. L´occasion est belle, à ce moment là, Renault est l´une des meilleures équipes de Formule 1. Et Alain est français, comme la voiture, comme le moteur, comme l`équipe. Alain Prost dit oui à l´écurie française. Teddy Mayer n´est pas d´accord avec ce départ. Cependant, comme souvent, les avocats de McLaren et Renault trouvent une solution financière au problème.
Chez Renault, l´ambiance change. Alain est moins bien payé, mais il a plus de chances de gagner des Grand Prix, grâce à la voiture et au moteur turbo. L´autre pilote officiel de Renault en 1981 est le Français René Arnoux.
Comme à son habitude, Alain Prost fait une arriveé remarquée dans sa nouvelle équipe. Il s´habitue très vite à la Renault RE20B, et après quelques jours, il fait de très bons chronos, meilleurs que ceux d´Arnoux.
Pour le premier Grand Prix, en mars, Alain découvre le circuit de Long Beach, aux états-Unis. La saison commence mal: Alain abandonne. Le même scénario se répète au Brésil. Puis, au Grand Prix d´Argentine, Alain a un premier succès. Il se classe troisième à l´arrivée. C´est le premier podium pour le jeune Français!
Les résultats suivants sont très mauvais. Parfois Alain fait une erreur de débutant, parfois il touche une autre voiture mais il y aussi autre chose: la voiture n´est pas bonne techniquement. C´est une grande déception pour Alain.
Puis le Grand Prix de France à Dijon arrive. C´est un jour historique dans la vie d'Alain, qui se retrouve devant son public. Le circuit est idéal pour les moteurs turbo. Alain gagne son premier Grand Prix et sur le podium, il ne peut pas s´empêcher de pleurer de joie.
Le reste de la saison est assez réussi. À deux courses de la fin, il est troisième au championnat du monde des pilotes, derrière Nelson Piquet et Carlos Reutemann. Finalement il termine cinquième. Il reste chez Renault pour la saison 1982. Maintenant il a confiance et sait que tout peut arriver.
Une nouvelle saison commence à Kyalami, en Afrique du Sud, au mois de janvier 1982. Cette fois, Alain fait partie des favoris du championnat des pilotes.
Il gagne la première course et même le second Grand Prix au Brésil parce que les premiers deux, Piquet et Rosberg, sont disqualifiés pour des questions techniques.
Ensuite, cependant, le meilleur est passé et Alain a sept abandons de suite. L´ambiance est devenu très mauvais dans l´écurie Renault. Alain accepte mal tout le temps qu´il doit donner pour la promotion des voitures grand public. En outre, il se dispute souvent avec Arnoux. Au championnat du monde des pilotes 1982, Alain Prost est quatrième. Il est deçu mais reste optimiste.
Au début de la saison 1983, les conditions semblent meilleures pour Alain, qui est toujours chez Renault. Arnoux est parti chez Ferrari, le deuxième pilote est le jeune Américain Eddie Cheever. Le début de saison commence très mal mais les voitures deviennent de mieux en mieux. Alain gagne plusieurs Grand-Prix et à la moitié de la saison Alain est en tête du championnat. Puis il y a encore des problèmes. Il reste deux Grands Prix pour finir la saison et Piquet est à deux points du pilote français. L´écurie de Piquet, Brabham BMW, fait tout pour améliorer sa monoplace. Alain Prost, lui, a l´impression que Renault n´a pas assez la volonté de gagner. Tout doit se jouer à la dernière course, en Afrique du Sud. Il fait très chaud, et Alain commence à craindre le pire. Et le pire arrive: au trente-cinquième tour, le turbo de sa Renault casse.
Ce jour d´octobre 1983, Alain Prost vit encore une grande déception. Pendant toute la saison, il a très bien conduit, beaucoup travaillé sur la voiture, gagné des Grand-Prix, mais le chemin vers la gloire est souvent très long. La France n´a toujours pas de champion du monde et Alain pense de nouveau à changer d´écurie.

Champion du monde

Pendant les trois années chez Renault-turbo, Alain a appris beaucoup de choses. Maintenant, il connaît bien les circuits, les publics, et le mode de vie si particulier dans le monde de la Formule 1. Mais il faut tourner la page: Renault, c´est fini. Au moins pour l´instant.
Alain se sépare de Renault et Renault se sépare de Alain. Au début de la saison 1984, le pilote français est sans volant mais Ron Dennis, le nouveau directeur de McLaren, s´intéresse beaucoup à lui. Il a déjà comme premier pilote le célèbre Autrichien Niki Lauda, qui a été deux fois champion du monde (en 1975 et 1977). Ron Dennis a de grands projets pour McLaren. Ses voitures sont maintenant équipées du nouveau moteur TAG-Porsche avec un turbo. Il veut les meilleurs pilotes pour les conduire. En peu de temps sa décision est prise: il met fin au contrat de Watson, le second pilote, et engage Alain Prost. Lauda et Alain se respectent et s´entendent bien. L´organisation est très bonne et les voitures sont excellentes. Dès le début de la saison, tout le monde comprend que les McLaren-TAG-Porsche seront les meilleures. Mais qui des deux pilotes sera champion ? Alain gagne le premier Grand Prix et Lauda le second. Au cours de la saison 1984 ils se relayent plusieurs fois à gagner mais c´est Alain qui a plus de problèmes techniques. Tout se joue au dernier Grand Prix, à Estoril, au Portugal, le 21 octobre. Avant la course, Lauda a soixante six points, et Alain soixante et un et demi. Alain fait tout ce qu´il peut, et il gagne. Malheureusement pour lui, Niki Lauda termine deuxième et l´Autrichien remporte le titre pour seulement un demi-point de difference!
Avec les excellents résultats de la saison passée, l´équipe McLaren reste la même pour l'année 1985. Dès le début de la saison, les résultats d´Alain sont très bons: il gagne au Brésil, à Monaco, puis en Bretagne et en Autriche. Pour les autres Grands Prix, il est presque toujours sur le podium. Niki Lauda est loin derrière, il n´a plus la même envie de gagner. Avant le Grand Prix d´Autriche, il annonce aux journalistes et au monde entier qu´il va bientôt quitter la compétition automobile. Alain doit se battre avec un autre pilote: l´Italien Michele Alboreto et sa Ferrari. À la moitié de la saison, ils sont tous les deux à égalité avec cinquante points.
Deux courses avant la fin de la saison, le premier titre se rapproche. On est le 6 octobre 1985. Aujourd´hui le Grand Prix d´Europe, qui a lieu en Grande-Bretagne se tient. Pourtant, Alain est mal parti. Peu à peu il dépasse plusieurs pilotes et arrive même à doubler Alboreto. Mais ça ne suffit pas: pour être sûr de gagner le titre, il faut qu´il marque au moins trois points. Soudain, c´est la surprise pour le Français: le moteur de la Ferrari d´Alboreto vient d´exploser. L´Italien ne marquera pas de points et il ne peut donc plus inquiéter Alain. Le Français termine quatrième. Dans sa monoplace, il ne veut pas le croire: deux courses avant la fin de la saison, il est déjà champion du monde! La France a enfin son champion du monde de Formule 1, le premier de son histoire. Il faut aussi de la chance pour être champion. Une folle soirée attend Alain. Il doit passer à la télévision, reçoit un coup de téléphone du président François Mitterrand, et connaît tous les honneurs. Il a aussi gagné une très grande confiance en lui, et dans ses possibilités de pilote.
En effet, les moments de repos sont très courts dans la vie d´un pilote de Formule 1. Dès le début 1986, les essais recommencent au Brésil. Alain est toujours chez McLaren, bien sûr, et c´est le Finlandais "Keke" (Keijo) Rosberg qui est le second pilote. Beaucoup de gens pensent qu´il est plus rapide qu'Alain aux essais mais la suite du championnat montre que c´est complètement faux. Le Finlandais ne termine que cinq Grands Prix sur les seize courses de la saison. Par contre les résultats d´Alain sont aussi bons que l´an passé. Alain profite maintenant d´une écurie très professionnelle, et d´un moteur Porsche de grande qualité.
Toute se joue au dernier Grand Prix de la saison, sur le circuit d´Adélaïde en Australie. Avant la course trois pilotes peuvent encore gagner le titre: le Brésilien Nelson Piquet, l´Anglais Nigel Mansell (qui pilotent des Williams) et Alain.
Après une course complètement folle, Alain passe la ligne en première position. Pour la deuxième année de suite, il est champion du monde de Formule 1. Jusqu´à ce moment là, seulement deux pilotes avaient réussi à le faire (Jack Brabham et Juan Manuel Fangio).
Maintenant, au plus tard, beaucoup de gens s´adonnent à ce pilote magnifique, pour publier des biographies ou pour des autres motifs, mais la personnalité d´Alain Prost n´est pas facile à expliquer. Dès ses débuts en Formule 1, les gens qui le découvrent lui trouvent un surnom qui lui va très bien: "le Professeur".
Alain Prost est d´abord quelqu´un qui sait plus de choses que les autres pilotes. Il le montre pendant les courses. Il comprend très vite comment il faut conduire les différentes voitures, et sait adapter son style aux différentes circuits. Il est surtout le meilleur pour les réglages des voitures: chez Renault, chez McLaren, et plus tard chez Ferrari et Williams, les autres pilotes ont toujours copié ses réglages. C´est ce qui permet de gagner quelques demi-secondes aux essais, et d´avoir une voiture plus solide et plus rapide pendant les courses. Elle use moins ses freins et ses pneus. Voilà sa première grande force. John Bernard était le grand ingénieur chez McLaren quand Alain a gagné ses deux titres en 1985 et 1986. Il raconte qu'Alain connaissait exactement l´état de ses pneus. Il savait parfaitement faire la différence entre les problèmes de pneus et les problèmes d´équilibre de la voiture, ce qui est très difficile.
Ensuite, Alain a une véritable science de la course: il sait quand il faut attaquer et quand il faut attendre, il sait quand il peut demander beaucoup à sa monoplace, et quand il faut faire attention. Il s´arrête toujours au bon moment pour mettre de l´essence ou changer les pneus.
Une autre raison peut expliquer ce surnom: Alain prend des risques mesurés, et il est toujours assez prudent. Le public et les journalistes aiment les jeunes pilotes un peu fous. Alain a toujours dit qu´il préférait arrêter une course, plutôt que risquer sa vie. Il a quelquefois refusé de conduire sous une grosse pluie, qui rend le circuit très dangereux. En fait, Alain Prost est un ordinateur, qui comprend une grande quantité d´informations en un temps très court. Mais il déteste perdre le contrôle de la situation.
Il possède aussi autre chose: un charme naturel. Quand il rentre au stand après un tour ou deux de circuit, il a plein de choses à raconter aux mécaniciens. Il parle de la voiture, du moteur, de l´asphalte. Alain explique ce qui doit progresser et permettre d´aller plus vite, et ce qui doit être conservé. Il parle beaucoup, avec passion. Après tout, les ingénieurs, les mécaniciens et toute l´équipe sont un peu comme des élèves devant leur "professeur".

La maturité

Pour le double champion du monde, l'année 1987 va être assez calme. Après plusieurs années passées à se bagarrer à chaque tour d´essais, à chaque Grand Prix, il a envie de ralentir un peu. Pour profiter de ses nombreuses victoires, et mieux goûter à sa vie de champion connu dans le monde entier.
Après deux années de succès à tous les niveaux, Alain reste chez McLaren. On fait venir un deuxième pilote pour être son équipier: un jeune Suédois du nom de Johansson. C´est un bon pilote, mais il ne risque pas d´inquiéter Alain, qui reste le maître à l´intérieur de l´écurie McLaren.
Pourtant, une chose a changé. Après deux années de victoires, l´envie de gagner n´est plus la même chez McLaren. Le moteur Porsche ne donne plus les bons résultats de l'année passée. Alain gagne la première course de la saison mais ensuite il a presque toujours des problèmes techniques. En 1987, le meilleur moteur de Formule 1 est japonais, construit par la puissante entreprise automobile Honda. Cette saison, Alain Prost termine quatrième, cependant un événement important arrive pendant la saison 1987: Alain gagne le Grand Prix du Portugal à Estoril, et obtient sa vingt-huitième victoire en Grand Prix. Il vient de battre le record de l´écossais Jackie Steward, qui en avait gagné vingt-sept.
Le début de la saison 1988 est arrivé. Alain a trente-deux ans maintenant. Après une saison moyenne, il faut réagir pour revenir au meilleur niveau. McLaren reste l´une des plus grandes écuries, mais TAG et Porsche ont beaucoup de problèmes avec leur moteur. Heureusement, encore à la fin de 1987, un contrat avec Honda est signé. Un autre événement important marque ce début de saison: l´arrivée chez McLaren d´un autre pilote pas comme les autres, le Brésilien Ayrton Senna. À vingt-huit ans, c´est un génie de la vitesse. Il réussit des chronos fantastiques, et on l´appelle "Magic Senna". Tout le monde le considère comme un futur champion du monde.
Dès les premières courses, on comprend que le champion du monde sera Alain, ou bien Senna. Ce sont les deux meilleurs pilotes du moment, ils ont la meilleure équipe et le meilleur moteur. Après quelques Grand Prix il y a deux hommes en tête, et loin derrière, les autres pilotes.
Cependant, course après course, la rivalité s´installe entre les deux champions. Ce combat au sommet durera jusqu´au départ de Alain, à la fin de la saison 1993. C´est peut-être le plus beau face à face de l´histoire de la Formule 1. Mais revenons à la saison 1988. Pour la première fois de sa vie de pilote, Alain doit gagner contre un pilote aussi efficace que lui, qui a la même voiture, et qui est plus jeune, donc avec une envie de gagner encore plus grande.
Alain gagne des Grand Prix et Senna gagne des Grand Prix. Plus tard dans la saison, les choses se compliquent pour Alain. Sous une pluie violente, au Grand Prix d´Angleterre, Alain préfère abandonner que de risquer sa vie. Il doit laisser la victoire au Brésilien. Les journalistes français le critiquent beaucoup. Et Senna conduit de mieux en mieux. Il gagne quatre courses à la suite et premier au classement des pilotes, le Brésilien devient le grand favori.
Le premier grand problème sérieux entre les deux hommes a lieu au départ du Grand Prix du Portugal. En pole position, Alain coupe la route de Senna, qui avait pris un meilleur départ. Au tour suivant, Senna, pour se venger, pousse Alain vers le mur à 300 kilomètres à l´heure. Ce jour-là, Alain gagne le Grand Prix, mais, à partir de cette course, la guerre est commencée entre les deux pilotes.
Malgré une fantastique victoire de Alain au Japon, Senna devient pour la première fois champion du monde. Alain termine deuxième du championnat avec sept victoires, sept deuxième places et quatre-vingt-sept points. Beaucoup ont gagné le championnat de Formule 1 avec moins que ça!
Alain prend sa revanche dès la saison 1989. La situation est presque identique à celle de 1988. Une écurie au-dessus des autres (McLaren), un moteur supérieur (Honda), et deux pilotes qui sont devenus des stars: Alain et Senna. Alors le championnat 1989, c´est le combat de deux champions exceptionnels mais sur le plan humain, cette année est beaucoup plus négatif. Depuis le Grand Prix du Portugal, les deux ont commencé à se détester. À la fin de la saison, ils ne se parle plus, sauf sur les circuits. Ils ne serrent plus la main. Et cela va de pire en pire. Le premier nouveau problème a lieu pendant le Grand Prix d´Imola. Alain et Senna étaient d´accord pour ne pas s´attaquer avant le premier virage, pour prendre de l´avance sur les autres pilotes. Mais, selon Alain, Senna n´a pas respecté cet accord ce jour-là. Le Brésilien dépasse le Français dès le début de la course, et gagne le Grand Prix. À la suite de cette course, les deux pilotes sont réunis par Ron Dennis: pour l´avenir de l´écurie, Senna doit s´excuser. Il le fait, mais pendant tout le championnat, les deux hommes, qui sont seuls en tête, n´arrêtent pas de se critiquer mutuellement.
Dans la presse, Alain reconnaît que Senna est un pilote magnifique, et même plus rapide que lui pendant les essais, cependant il ajoute aussi qu´il est menteur et malhonnête. De plus, Alain accuse régulièrement les Japonais et Ron Dennis de donner une mécanique meilleure au pilote brésilien. La situation est alors devenue impossible chez McLaren. Mais avant, quelque chose de plus réjouissant se passe. Le 22 octobre 1989, le Grand Prix du Japon arrive enfin. C´est l´avant-dernière course de la saison. Deux courses avant la fin, Alain a soixante-seize points et Senna soixante. Par conséquence le Brésilien doit absolument être premier pour pouvoir gagner le titre. Au départ, Alain Prost est en tête mais à quelques tours de l´arrivée, Senna se retrouve juste derrière lui. Soudain, juste avant la chicane (c´est l´endroit le plus étroit du circuit. Dans la chicane, une voiture seulement peut passer), Alain est à gauche de la piste, et Senna s´avance sur la droite pour le dépasser. Brusquement, Alain donne un violent coup de volant à droite et Senna ne peut plus passer. Les deux voitures se heurtent et sortent de la piste. Senna peut continuer la course et passe le premier la ligne d´arrivée. Malheureusement, il n´a pas passé la chicane, et il est disqualifié. Alain est champion du monde pour la troisième fois! Mais cette victoire est amère. Pendant cette saison 1989, le sport est passé loin derrière les problèmes de personnes.
Apart cela, Alain a annoncé à la presse, dès le Grand Prix de France, sa décision de quitter McLaren après six années de travail au plus haut niveau, et trois titres de champion du monde des pilotes. Pour 1990, c´est décidé: Alain va conduire pour la célèbre écurie italienne Ferrari.

La chute et la glorie

Après sa très mauvaise année chez McLaren, bien sûr en ce qui concerne la relation entre lui et l´écurie, Alain Prost est vraiment heureux dans sa nouvelle écurie. Tous les pilotes rêvent de piloter un jour pour Ferrari. Les voitures de couleur rouge sont les plus célèbres du monde. Elles ont écrit de nombreuses et belles pages de l´histoire du sport automobile. Alain apprend italien et il découvre Ferrari et son organisation très particulière. Il y a trois cent personnes qui travaillent dans l´écurie. Alain sait que la Ferrari 641 n´est pas la meilleure voiture du monde, mais il est sûr de pouvoir la faire progresser.
Dans le monde des pilotes rien n´a changé. Il y a toujours les deux meilleurs: Alain et Senna, qui est toujours chez McLaren. Alain le sait bien et s´attend à une saison très dure. Et il a raison. Le premier Grand Prix de la saison a lieu à Phoenix aux états-Unis. Au vingt et unième tour, le moteur Ferrari perd de l´huile et Alain doit abandonner. C´est Senna qui gagne. Le Brésilien est toujours là, et il fera tout pour gagner un deuxième titre de champion du monde. Deux semaines plus tard, c´est le Grand Prix du Brésil sur le circuit d´Interlagos. Pendant la course, le Brésilien est en tête, devant son public. Malheureusement pour lui, il touche une autre voiture et doit s´arrêter au stand. Alain en profite et gagne son premier Grand Prix avec Ferrari. Puis Alain a des résultats pas très passionnants. Quelques semaines après, par contre, trois courses de suite. À ce moment-là, Alain se rapproche de Senna au championnat du monde des pilotes. Après le Grand Prix de Monza en Italie, Alain a seize points de retard sur Ayrton.
Pourtant, les choses ne vont pas bien chez Ferrari. Alain critique beaucoup Mansell, le deuxième pilote chez Ferrari. Il trouve qu´il n´est pas assez sérieux et qu´il ne travaille pas assez. Alain se sent seul dans sa course au titre. À Estoril (Portugal), l´Anglais coupe la route du Français au départ de la course. Mansell et sa Ferrari gagnent la course, et Alain finit seulement troisième. Où est le travail d´équipe ? Au Grand Prix d´Espagne, Alain gagne et Senna ne finit pas la course. Alain n´a plus que neuf points de retard mais il reste seulement deux courses.
Tout se joue encore au Grand Prix du Japon à Suzuka. La situation est simple: pour gagner le titre en 1990, Alain doit obligatoirement gagner cette course. Elle va durer dix secondes! Alain a pris un meilleur départ et dans le premier virage, il est en tête. Il commence à tourner mais Senna est revenu, et veut lui aussi passer en premier. C´est l´accident, à plus de 200 kilomètres à l´heure. La course est finie pour les deux champions. Tout le monde pense que c´est la réponse de Senna à l´accident de la chicane l'année passée, sur le même circuit. Alain ne gagne pas de points, donc Senna est le champion du monde 1990.
Le résultat de Suzuka est difficile à accepter pour Alain. Il pense même à s´en aller. Finalement, il décide de courir un an encore avec Ferrari. Mais la saison qui l´attend en 1991 est pire encore. À cause de son caractère difficile, le Britannique Nigel Mansell a été renvoyé à la fin de 1990. Pour la saison 1991, on a engagé à côté de Alain un jeune pilote français: Jean Alesi.
Pendant toute la saison Alain a des résultats vraiment mauvaises. Il ne peut pas gagner une seule course. Une chose est sûre: la Formule 1 Ferrari n´est pas une bonne voiture. Elle est difficile à conduire et Alain a l´impression que tous les autres Formule 1 ont fait des progrès entre les deux saisons, sauf la Ferrari. Le travail technique et l´organisation de l´écurie italienne ne sont pas assez sérieux. Et l´ambiance devient de plus en plus mauvaise.
La presse italienne critique beaucoup Alain. Les responsables de Fiat, qui dirigent aussi l´écurie Ferrari, commencent à accuser le pilote français d´être responsable des mauvais résultats. De son côté, Alain critique l´organisation de l´écurie italienne. Il dit que Ron Dennis et McLaren ont moins de moyens, mais plus d´efficacité. Ces mots choquent beaucoup les Italiens. Mais la réalité est là: Senna est premier au championnat du monde des pilotes, et va sûrement gagner un troisième titre. Alain va finir comme cinquième. Alain veut quitter Ferrari pour 1992 et il continue à critiquer Ferrari en public et devant les journalistes. Les dirigeants ne savent plus quoi faire. Finalement la pire saison d´Alain se termine de la pire façon: il est licencié par Ferrari. On a mis dehors un triple champion de monde! Mais c´est une fin assez logique, car l´image de Ferrari dans le monde devenait très mauvaise. Cette situation a au moins un avantage: Alain est libre de faire ce qu´il veut pour la saison 1992.
Guy Ligier, le patron de l´écurie française Ligier, qui a un moteur Renault, a des contacts avec le champion français. Tout le monde parle d´un contrat entre Alain et Ligier, mais Alain ne signera pas avec Ligier. Il y a plusieurs causes à cette décision. D´abord, il ne veut pas seulement être pilote chez Ligier, il veut aussi pouvoir décider et donc être un des patrons de l´écurie. Guy Ligier n´était pas d´accord. Ensuite, Alain Prost est fatigué de ses deux saisons terribles chez Ferrari et la Ligier n´est qu´une voiture moyenne. Enfin il a aussi des contacts intéressants avec une autre écurie, Williams et qui parle de le faire courir en 1993. Dans ces conditions, Alain peut de nouveau penser à un titre de champion du monde, le quatrième. En pensant à cet excellent projet, il décide finalement de prendre une année sabbatique en 1992. Cette année-là, c´est la première fois depuis 1980, qu'Alain ne conduit pas de Formule 1. Cependant il reste en contact avec le monde des circuits. Il travaille à la télévision française, pour commenter les Grand Prix. Et surtout, il prépare son contrat avec Williams pour la saison suivante. C´est difficile parce que les Williams sont devenues les meilleures. Beaucoup de pilotes voudraient bien les conduire, et surtout Ayrton Senna.
Le championnat 1992 est largement gagné par Nigel Mansell. Au mois de septembre 1992, on apprend officiellement qu´Alain Prost pilotera une Williams-Renault en 1993. L´autre pilote est le jeune Anglais Damon Hill.
Alain a très vite appris à connaître sa nouvelle voiture, la FW15C. Elle est formidable et supérieure aux autres dans le domaine technique. À Kyalami (Afrique du Sud), Alain réussit la pole position, le record du tour, et gagne le Grand Prix. Ayrton Senna, sur McLaren Ford, est deuxième mais il est le vainqueur des deux courses prochaines. Cependant le Français montre qu´il est encore le meilleur en 1993, en gagner presque six fois de suite. On commence à penser que le titre approche. Alain a maintenant soixante-dix-sept points et Ayrton en a cinquante.
La fin du championnat arrive. Au Grand Prix d´Estoril, ça y est enfin: Alain est deuxième et à deux Grands Prix de la fin, il ne peut plus être battu. Il est champion du monde 1993. Alain a réussi une saison magnifique: il a quatre-vingt-sept points, sept victoires, dix podiums, douze pole positions, cinq records du tour et il est pour la quatrième fois le championnat du monde! Jusqu´à présent, il y a un seul homme qui a gagné plus de championnats du monde que lui, c´est Juan Manuel Fangio qui en a gagné cinq.
Alain Prost a pensé que c´était bien d´arrêter à la fin d´une saison fantastique. Le 24 septembre 1993, pendant les essais du Grand Prix du Portugal, il a annoncé son départ définitif.
Dans une lettre Alain écrit un petit mot pour tous ses fans qui sont venus chez son dernier Grand Prix à Adelaïde: "Toute histoire a une fin et vous faites partie de la fin de mon histoire. Merci pour ce voyage et votre soutien pendant ce week-end. Il m´est arrivé de penser à vous pendant la course ainsi qu`à tous ceux qui m´ont aidé pendant ma carrière. Je me sens moins seul…"
Alain Prost détient plusieurs records qui durent encore aujourd´hui. En ce qui concerne la Formule 1, ce sont par exemple le numéro gagnant de 51 Grands Prix, 41 tours les plus vites et le nombre total incroyable de 798,5 points.
Après Alain quitte la Formule 1, il travaille de nouveau à la télévision française pour commenter les Grands Prix en direct. En 1996, il est ingénieur conseil chez McLaren ou Alain s´occupe aussi parfois comme pilote d´essai. Mais il ne participe jamais plus à une course de Formule 1.
Alain et Senna recommence à se parler, à se respecter et ils redeviennent même presque amis. Quelques temps après que Senna est mort à cause d´un accident au Grand Prix d´Imola le 1er mai 1994 Alain résume très triste le fantastique combat entre les deux pilotes: "J´ai donné quatre-vingt-quinze pour cent de ma vie à la Formule 1, Ayrton, lui, a donné cent pour cent de la sienne."
En 1997, Alain achète l´écurie français Ligier. Il devient directeur et sa propre écurie s´appelle Prost maintenant. C´est une des onze équipes dans la Formule 1, cependant on doit dire qu´elle n´a pas été très couronné de succès jusqu´ici. En 2000, les pilotes de l´équipe Prost n´ont même pas pu gagner un seul point.
On peut seulement espérer qu´Alain aura plus de chance pendant la saison prochaine et que le "professeur" a déjà decouvert où se trouvent les problèmes primaires. Bon, on verra …




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