Interview by: Jean Luc de Bourguy / Galaxie F1
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25 ans après vous êtes sur le circuit de votre 1ère victoire en F1. Est-ce que vous en gardez des souvenirs particuliers?
Bien sûr, chaque virage me rappelle des moments de courses. C’est sympa de voir tout ce que nous pilotes pouvons garder en mémoire et de le revivre, ce sont des moments de bonheur. J’ai aussi des anecdotes amusantes et disons plus… personnelles.

Est-ce une émotion particulière que de gagner son 1er GP lors de son GP national?
Gagner un 1er GP est toujours très émouvant, c’est la consécration de tant d’efforts, le faire «chez soi» c’est un plus, un instant magique. Bizarrement je l’ai vécu comme une étape, comme une libération, c’était un point de passage pas un aboutissement. C’était ma 2ème année de course et la 1ère avec une voiture compétitive. Cette 1ère victoire a été un déclencheur comme mon 1er titre. Avec le recul je me souviens plus de l’ensemble de ma carrière ponctué d’anecdotes même si la 1ère victoire reste un moment fort.

Vous n’avez jamais partagé le volant d’une même voiture avec un équipier, quelles sont vos impressions?
Nous nous entendons très bien et nous avons la même vision des choses, la même philosophie des réglages et Jean Pierre (Jabouille) a toujours eu un très bon feeling technique. Et puis nous avons passé le temps ou le 1er objectif était de «taper» son équipier qui était l’adversaire n°1. Nous sommes de plus en plus homogènes et ça viendra avec… l’âge.

Nicolas Prost, son fils qui dispute cette année le Championnat de France de Formula Renault 2.0, se glisse derrière son père et attend discrètement la fin de l’entretien.

Votre fils vient d’arriver, vous devriez partager avec lui le volant de la Viper lors de la course du Mans, que peut-on ressentir?
Pour les sensations de pilotes, je vous le dirai après la course. C’est un moment que j’attends avec impatience, ce sera un grand plaisir. La pression sera très importante aussi bien pour moi que pour lui, et c’est toujours un peu difficile à gérer. Je pense que ce sera un grand moment plus que dans ma vie de pilote, dans ma vie… d’Homme.

Nicolas, comment abordez vous le fait d'être bientôt l'équipier de votre père?
Nicolas: C’est un truc génial à faire en père et fils, mais l’objectif c’est surtout de gagner les courses que nous ferons ensemble. C’est super sympa et je m’y prépare sérieusement.

Le signal d’évacuation de la piste retentit et marque la fin de l’entretien. Nous assistons alors à un discret moment de grande émotion. Oubliées les caméras, oublié l'homme publique aux quatre titres de Champion du Monde, il reste dans les yeux d'Alain Prost le père qui serre son fils dans ses bras avec beaucoup d'affection.

Lors de cette 1ère course du week-end, Alain Prost sera contraint à l’abandon. Un débris sur la piste viendra frapper et actionner accidentellement le coupe-circuit de sa Viper, ce qui théoriquement semblait impossible. "Je suis très fier d’avoir réalisé une 1ère mondiale sur la façon d’abandonner" commentera avec humour le champion Français. Le dimanche, Alain Prost et Jean-Pierre Jabouille prendront une belle revanche sur le sort et remporteront leur 1ère victoire en GT FFSA.