TOYOTA FRANCE, 04.12.2003

ALAIN PROST:
"MA PASSION EST INTACTE"


Etre à nouveau le moteur d'une équipe à connotation officielle comme le Toyota team Oreca constitue un vrai bonheur pour le quadruple Champion du Monde.

Dix ans après votre dernier titre mondial (1993), quelle raison vous a décidé à revenir rouler en Trophée Andros?
L'opportunité s'est présentée, et je n'ai pas eu le loisir de réfléchir longtemps. Nous avons monté le projet en une semaine avec Max Mamers et des partenaires comme "Pilot". J'avais envie de conduire. Ce qui m'a plu tout de suite a été de retrouver l'ambiance du travail en équipe. C'est la même chose, que l'on soit en F 3, en F 1 ou en Trophée Andros. J'ai aussi éprouvé du plaisir à constater que les gens étaient heureux de me voir, le champion mais aussi l'homme. Ce contact direct avec des passionnés, cela m'a fait du bien.

Qu'avez-vous découvert sur la glace?
Le plaisir de glisser. En monoplace, c'est synonyme de perte de temps. Je me souviens de nos expéditions en Suède et en Finlande avec Richard Dallest à l'époque du championnat d'Europe de F 3. Nous nous amusions sur des pistes en terre autour de vieux bidons d'huile. En participant au Trophée Andros, j'ai pû aborder la question d'une manière plus technique, plus professionnelle.

Quelle a été l'attitude des autres pilotes à votre égard?
Le Trophée cherchait son second souffle, je pense que mon arrivée a fait du bien à tout le monde. Moi j'avais tout à perdre, et eux tout à gagner.

Yvan Muller revient. Vous allez le battre?
Il faut être réaliste! C'est vraiment le grand favori, je ne suis qu'outsider. Il me faudra peut-être des années pour y arriver. C'est une discipline très compliquée, il faut de l'expérience, bien appréhender tous les paramètres, météo, pneus, clous… Comme l'on ne roule pas beaucoup, c'est encore plus difficile. Par exemple, lorsque nous avons essayé notre Toyota Corolla le 15 octobre sur le circuit du Griffon à Vitrolles, nous avons roulé sur la terre, il n'y a avait pas d'autre possibilité.

Premières impressions?
Une voiture très bien née. D'emblée, aucune trace de flou dans son comportement.

Cette ambiance de mise au point d'une nouvelle voiture, cela vous manquait?
Cela a toujours constitué la moitié de ma motivation, l'autre étant le pilotage. C'est parce que j'adore cet aspect que j'ai monté Prost Grand Prix. C'est ma vraie passion, a condition bien sûr de prendre le volant derrière, de suivre le projet de A à Z. Lorsque je suis impliqué, comme c'est le cas en ce moment, dans la mise au point, les réglages, je sais toujours où je veux aller, avant de prendre le volant. C'est là que je suis le meilleur, et dans ce domaine aussi que ma passion est intacte.

Hugues de Chaunac, c'est l'ami de longue date?
Depuis la Formule 3, nous sommes toujours restés en contact. Quand j'ai monté l'écurie F 1, je pensais qu'il pourrait en prendre la direction sportive, mais cela n'a pu aboutir. Cependant, notre participation au Trophée Andros peut être la base d'un nouveau départ. Avec Hugues, nous réfléchissons à ce que nous pourrions entreprendre d'intelligent pour l'avenir.

Par exemple?
L'Andros est une excellente alchimie: échelle "humaine", budget raisonnable, présence de grands constructeurs, organisation professionnelle, bonne couverture médiatique. Quand on y réfléchit, il n'y a pas tellement d'épreuves à offrir les mêmes avantages.

C'est pourquoi vous avez opté pour une saison complète?
Je la sens bien cette formule de l'Andros, c'est vrai. Mais il n'aurait guère été sérieux de repartir dans des conditions… disons aussi improvisées que l'an dernier. Je souhaitais aussi me retrouver dans une ambiance d'équipe officielle, soutenue par un constructeur comme Toyota. Cela n'implique pas que nous avons un budget supérieur aux autres ! Je parle du contexte professionnel. J'aime toujours faire les choses en "Pro".

Vous suivez la F1?
A nouveau. Pendant un an, après la fin de Prost Grand Prix, cela a été dur. Je me suis occupé de la liquidation, de cela et de rien d'autre. Ce qui s'est passé autour de la fin de l'écurie a été très spécial…

Quand vous voyez Schumacher, vous vous dites que vous pourriez avoir six titres vous aussi? (Outre ses quatre titres de 1985,1986, 1989 et 1993, le coup passa très près en 1983, 1984, 1988 et 1990, où il termina 2ème à quatre reprises).
Beaucoup de monde me le dit - cela me fait plaisir - mais moi, je n'y pense jamais. J'ai toujours considéré Fangio comme inaccessible, je n'étais pas intéressé par les titres. Seulement par le nombre de victoires. Mon plaisir, c'était de gagner des courses, et de rester en bagarre pour le titre le plus longtemps possible.

Le secret de votre physique de jeune homme?
Une hygiène de vie, beaucoup de sport, le vélo. A 70 ans, vous me verrez encore dessus.



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