Comme avant chaque Grand Prix, Alain Prost, quadruple champion du monde, nous livre son analyse. Après le succès de M. Schumacher à Imola, il estime que Ferrari peut encore viser la victoire au Nürburgring. Si les pneus Bridgestone confirment...

Le Grand Prix de Saint-Marin a marqué le retour de Ferrari au plus haut niveau. Comment l’avez-vous vécu ?
On l’avait déjà constaté les semaines précédant le Grand Prix de Saint-Marin. Grâce à la pause de trois semaines entre le rendez-vous australien et ce premier Grand Prix européen au cours de laquelle les écuries apportent souvent des améliorations au niveau du moteur, du châssis et des pneus, on savait que Ferrari avait beaucoup progressé. Comme Renault d’ailleurs. Cependant, le terrain à Imola était très favorable à la Scuderia donc il faut attendre de voir si cela se confirme. Ferrari a néanmoins été très compétitif et Michael Schumacher a fait une très belle course parce qu’il a maîtrisé et dominé en ralentissant volontairement à un moment pour économiser les pneus avant un passage au stand. Donc, voilà, Ferrari est revenu. Mais il ne faut pas oublier que déjà en Australie ils étaient très très bien avant de faire un très mauvais choix de pneus qui les a empêchés de jouer la victoire.

Est-ce que ce retour au plus haut niveau peut être durable ?
A mon avis, le trinôme Renault-Alonso-Michelin est certainement plus constant, pour l’instant, que le binôme Ferrari-Bridgestone. Je mets volontairement Michael (Schumacher) à côté parce qu’il est toujours constant (sourire). Il faut attendre un petit peu pour voir s’ils sont vraiment dans le coup tout le temps au niveau des pneus et même du châssis. Mais j’ai l’impression qu’ils sont revenus très près de Renault. Au contraire d’autres équipes telles que Honda, Williams et Red Bull, Ferrari, comme Renault, a beaucoup progressé au cours de la mini-trêve.

Malgré ce retour de Ferrari, Alonso et Renault gardent la main et creusent l’écart en tête des Championnats. Les tensions entre l’écurie française et son pilote n°1 peuvent-elles enrayer la belle machine ?
Le risque, c’est que ces tensions s’aggravent au fil du temps, au fil de la saison. Tout dépendra de la position d’Alonso au Championnat. Leader confortable ou leader difficile ? Dans ce dernier cas, cela peut poser quelques problèmes. C’est pour cela que le conseil que je peux donner à Alonso et Renault, c’est de prendre le maximum de points en début d’année pour ensuite pouvoir gérer. La saison est très longue et il ne faut pas gérer trop tôt…

A quel type de course peut-on s’attendre au Nürburgring sur un circuit que les pilotes n’aiment pas ?
Ce n’est pas facile de doubler, ce n’est pas hyper intéressant techniquement… Ce qui peut faire la différence au Nürburgring, c’est souvent la météo, qui est assez incertaine, et les stratégies de changement de pneus. Je vois bien une McLaren s’imposer là-bas parce qu’ils ont toujours été au top sans concrétiser. Si McLaren ne fait rien lors de ce Grand Prix de Hongrie, ce sera la preuve que l’écurie de Ron Dennis est un petit peu en retrait par rapport à Renault, voire Ferrari qui sera sans problème encore dans le coup. Sur un circuit qui ne ressemble pas du tout à Imola, on verra comment vont réagir les pneus Bridgestone des Ferrari et on saura alors si « Schumi » peut être régulièrement à la bagarre en tête.

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