TROPHEEANDROS.COM, 30.11.2009

Alain Prost: « On est les challengers »


Nouveau constructeur engagé en Trophée Andros, Dacia a fait ses premiers pas sur la glace le week-end dernier à Val Thorens. Au volant du Duster, Alain Prost, double vainqueur du Trophée, quadruple Champion du Monde de F1. Au cours d’une interview, le Professeur évoque son engagement aux côtés de la marque du groupe Renault, ses ambitions pour la 21e édition, et livre ses sentiments sur l’Electrique.

Alain, pourquoi cette présence avec Dacia?
C’est une histoire d’hommes, avec les gens de chez Dacia et de Renault. Il y a une vraie stratégie de groupe. C’est une nouvelle histoire, avec un projet sportif –la construction d’une nouvelle auto – et un projet marketing - mettre la marque Dacia en avant - dans une discipline très médiatisée pendant deux à trois mois, de manière assez décalée. Il y a un côté amusant, ça surprend un peu les gens. On n’aurait peut-être jamais pu faire ce projet il y a quatre ou cinq ans. Aujourd’hui, les temps ont changé, les mœurs ont changé, avec une évolution de l’automobile à tous les niveaux. C’est un projet gagnant-gagnant, parce qu’on est sûr que ça va marcher, la preuve c’est qu’il y a un vrai engouement autour de ça, il y a une curiosité et un capital sympathie. Le projet basé sur ça: c’est un mélange de sportif, de marketing et de challenge.

Quel est le concept de Dacia, une marque Low Cost?
Il y a quatre ou cinq ans, les gens connaissaient Logan comme une marque. Mais la marque, c’est Dacia, Logan étant un modèle. A partir du moment où il y a plusieurs modèles, il faut mettre la marque en avant et il y a une vraie stratégie afin qu’elle puisse vivre seule. Je ne sais pas jusqu’où on ira dans le futur, mais Dacia correspond à ce que les gens veulent. Le prix reste l’argument n°1 de l’achat d’une voiture pour beaucoup de Français.

Pensez-vous pouvoir gagner le Trophée Andros?
Le projet est tout neuf: on l’a décidé assez tard donc il a fallu beaucoup travailler. Notre voiture a pas mal de petites nouveautés, que ce soit moteur ou châssis, et elle n’a été prête que cette semaine. Il y aura certainement des petits défauts de jeunesse. Ce qu’il faut, c’est ne pas être trop loin lors des premières courses, peut être même dès le premier week-end, pour progresser après. C’est exactement la stratégie inverse de nos concurrents (Skoda), qui vont vouloir marquer un maximum de points lors des premières courses. Le but, c’est d’être compétitifs et de se bagarrer jusqu’au bout pour remporter le Trophée.

Comment voyez-vous la saison à venir?
Le niveau est automatiquement plus élevé: les pilotes de pointe sont de plus en plus nombreux. Ce sont souvent les mêmes mais ils ont de plus en plus d’expérience, avec des voitures de plus en plus abouties. Il y a de plus en plus de concurrence. Quand il y a de la concurrence comme ça, c’est compliqué de gagner des courses et de jouer placé. Il ne faut pas se laisser surprendre: un loupé et on peut se retrouver septième ou huitième. Ça peut faire la différence.

Quel est votre favori pour le Trophée Andros?
Incontestablement, Jean-Philippe Dayraut. Peut-être même Olivier (Panis). Ils sont de la même équipe, c’est difficile de savoir dans quelle mesure ça peut bien se passer. Nous on arrive avec une nouvelle voiture, une nouvelle équipe, on est les challengers.

Vous parliez de temps qui changent: pour la première fois, les voitures électriques arrivent en compétition via le Trophée Andros Electrique. Qu’est-ce que cela vous inspire?
Le côté très positif, c’est que l’on puisse mettre en même temps des voitures traditionnelles et un projet de développement de voitures électriques. Il s’agit vraiment de développement. Il y a une méditation autour de ça qui est bénéfique. Il y a un vrai développement technique: j’ai essayé la voiture et, par rapport à l’année dernière, et c’est déjà une grosse évolution. Il faut faire confiance aux ingénieurs. Les gens de grandes entreprises regardent ça avec beaucoup de bienveillance. On parlait d’accélération, de couple: ce sont des choses qui ne sont pas faciles à gérer avec l’électrique: c’est une succession de détails qui va faire marcher ce genre de technologie.

Pensez-vous que la compétition va permettre d’évoluer?
On parle de performance, l’utilisation du couple moteur, donc on essaye de progresser. Dès que vous parlez de grande échelle, vous figez les choses pour un produit à des milliers d’exemplaires. Et, pendant trois ou quatre ans, les choses n’évolueront pas. C’est pour ça que la compétition automobile est importante, dans n’importe quel domaine, car c’est un terrain d’expérimentation. Les gens veulent toujours qu’on leur donne des exemples précis. Les discussions que j’ai eu avec les ingénieurs concentrés sur ce sujet, c’est une succession de petits détails qui peut leur apporter un plus par la suite. La course automobile sera toujours très utile si on fait ce genre de choses.

Votre fils est présent en Trophée Andros Electrique: vous avez échangé avec lui, vous avez poussé Nicolas à ce qu’il s’engage?
Je trouve cela intéressant. Il a un programme ‘endurance’ établi pour les deux prochaines années. Normalement, il devait faire l’A1GP mais ça a été repoussé. Il a fait peu de courses, il a eu peu de chances de rouler sous la pluie, et je trouvais que c’était une double raison de s’acclimater à la glace, pour prendre un peu de feeling. Si j’avais pu le faire, même à l’époque de la F1, peut être pas en compétition, mais en entraînement… C’est toujours une bonne chose, ça permet d’être dans un rythme de course. De suivre l’évolution de l’électrique, de pouvoir prendre des repères, c’est bien.



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