Propos recueillis par MICHAEL BALCAEN
De Sports.fr

Alain Prost n'a plus de lien direct avec la F1. Actuellement tourné vers le Trophée Andros qu'il dispute pour la quatrième année consécutive avec Toyota, le quadruple champion du monde de F1 n'en conserve pas moins un oeil avisé sur la catégorie reine. Ravi après une saison superbe et un duel au sommet entre Alonso et Schumacher, il ne semble pas prêt pour faire son grand retour sur les circuits. Quand à l'absence de Français en F1, il l'explique par le manque de puissance et de moyens financiers du sport automobile tricolore.

Comment avez-vous vécu cette saison de F1 ?
Je l'ai très bien vécue, c'était une très belle saison avec de la tension et du suspense jusqu'au bout. C'est le top ! On est obligé de bien vivre ces duels quand cela va jusqu'au bout à tous les niveaux, sportifs et techniques avec Renault fort pendant la première partie de la saison et Ferrari dans la deuxième mais aussi un duel entre Bridgestone et Michelin très serré et enfin l'arrêt de Michael Schumacher et l'incertitude concernant un éventuel huitième titre. C'est une saison qu'on voit une fois par génération.

Justement, que pensez-vous du départ à la retraite de Michael Schumacher ?
Tout le monde se pose la question lors d'un arrêt. Il y a deux choses, la première c'est que je trouve tout à fait naturel de s'arrêter en pleine force de l'âge. La deuxième est de savoir s'il a vraiment voulu s'arrêter ou si c'est lié à l'arrivée de Räikkönen pour l'avenir de Ferrari. Car avoir les deux ensemble dans la même équipe était impossible... Malgré tout, je pense qu'il s'arrête au bon moment.

On a récemment évoqué un possible retour en F1 (avec Nissan), qu'en est-il exactement ?
Franchement, je n'en sais rien. Pour l'instant, il n'y a rien de concret, pas de retour en vue. Pendant un an et demi, j'ai été consultant pour les grands constructeurs. Pour revenir, il faudrait une opportunité extrêmement intéressante et pour l'instant je n'en sais pas plus que vous, c'est vraiment prématuré. Je sais que certaines personnes aimeraient bien que je revienne dans le milieu et c'est plaisant. J'ai un bon équilibre de vie, ce que je fais, comme le trophée Andros, me plaît beaucoup. Il faudrait quelque chose de top pour que je change de philosophie de vie.

Est-ce que la page Prost GP est complètement tournée ?
Déjà, il ne faut pas mélanger ce que font certains managers avec l'argent des autres avec ce que j'ai fait, de surcroît dans un pays comme la France, on ne l'a pas beaucoup évoqué. Pour être plus clair, la blessure n'est pas cicatrisée car il y a des choses que je voudrais que tout le monde sache et c'est impossible.

A moins de les dire...
J'avais commencé à écrire un livre mais je ne l'ai pas achevé. A la réflexion, je n'aurai pas pu faire ce que j'ai fait après si je l'avais écrit...

Comment expliquer l'absence de Français en F1 ?
Tout ou presque a été dit sur le sujet. Il n'y a pas de Français mais le sport automobile en France ne touche pas tant de gens, économiquement il y a moins de sponsors intéressés qu'ailleurs. Il faudrait d'abord réhabiliter ça et trouver d'autres axes... Mais ce n'est pas dans l'air du temps. Nos pilotes doivent du coup trouver d'autres disciplines comme le Champ Car par exemple.

On a parlé de l'arrivée d'une nouvelle vague surtout cette saison. Comment l'expliquez-vous ?
D'un seul coup, on parle de Rosberg, Piquet, Senna et Prost. Il n'y a pas de place pour tout le monde. Rosberg on a vu ce qu'il a fait. Piquet a de grande chance d'y arriver car il a un nom, une gueule et qu'il a été rapide d'entrée. Globalement, la chance qu'ils ont c'est que les F1 d'aujourd'hui sont faciles à conduire. Dans les grandes écuries, il n'y a pas un pilote, même les moyens, qui n'ont pas été de suite dans le coup.

Qu'est-ce que cela implique comme changement selon vous ?
Ça va commencer à poser des problèmes pour le plateau de F1. Car si le marketing a toujours existé il était moins présent auparavant car il fallait une expérience. Là, il y a plus la notion de choix marketing.

Votre fils Nicolas a remporté son premier succès (à Barcelone en Championnat d'Espagne de F3) sans vous !
Oui, c'est ce que je lui avait dit. Je préfère qu'il gagne tout seul plutôt qu'il termine troisième avec moi.

Comment Alain Prost vit-il les courses de son fils ?
Sincèrement, c'est très dur à vivre. Il s'en tire de mieux en mieux. C'est bien pour lui car il le mérite car il travaille beaucoup. Il doit aller le plus loin possible.

Jusqu'en F1 ?
Pourquoi pas, il doit aller au bout de son aventure et faire ce qu'il peut pour y parvenir.